Renforcement des capacités de la société civile et de la CNDH au Tchad : un atelier pour préparer le dialogue avec le Comité des droits de l’homme des Nations Unies en mars 2026

Dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), un atelier s’est tenu à N’Djamena du 7 au 9 octobre 2025, marquant une étape importante dans la préparation du dialogue avec le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, prévu à Genève en mars 2026.
Cet atelier a été conjointement organisé par la Fédération internationale des ACAT (FIACAT), le Centre pour les droits civils et politiques (CCPR Centre), et le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
Une formation pour renforcer la participation des acteurs nationaux
Rassemblant 28 participants, dont 12 femmes, issus d’organisations de la société civile et de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), l’atelier visait à renforcer la participation des acteurs non étatiques aux mécanismes internationaux de protection des droits humains. Le représentant du HCDH a rappelé à cette occasion que la CNDH et les OSC sont des partenaires essentiels de l’État pour la mise en œuvre effective des droits humains au niveau national.
Combler un déficit de participation
Jusqu’à présent, peu d’ONG tchadiennes ont participé aux procédures onusiennes, et la CNDH n’y avait encore jamais pris part. Cela s’est traduit, par exemple, par l’absence quasi totale de rapports alternatifs lors de récents examens du Tchad par les organes des traités onusiens, notamment le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
L’atelier a ainsi permis de mieux comprendre le rôle et l’importance des rapports parallèles, outils essentiels de plaidoyer et de suivi des recommandations internationales.
Des exercices pratiques et une approche collaborative
Pendant trois jours, les participants ont bénéficié d’un renforcement intensif, combinant exercices pratiques, études de cas et échanges d’expériences.
Les facilitateurs ont détaillé la structure d’un rapport alternatif, les critères de sélection des thématiques prioritaires et la formulation de recommandations SMART (spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définies).
Les échanges, riches et interactifs, ont permis aux participants de s’approprier pleinement les mécanismes onusiens.
« Enfin, j’ai compris ce que c’est, le rapport alternatif ! », a déclaré une participante d’une ONG de défense des droits des femmes.
Un autre a ajouté : « J’ai compris que cette procédure n’est pas contre le gouvernement, mais une manière constructive de travailler ensemble. »
Comme l’a souligné Asita Scherrieb du CCPR Centre, le processus doit être compris comme une critique bienveillante : il s’agit de travailler collectivement à l’amélioration des politiques publiques.
Emeline Swiderski, représentante des Nations unies pour la FIACAT, a rappelé que ces rapports parallèles influent directement sur les observations finales des Comités, à l’aide d’exemples concrets de recommandations émanant de rapports alternatifs soumis par les ACAT et la FIACAT et reprises par le Comité contre la torture.
Vers une participation plus inclusive et proactive
Les discussions ont aussi mis en lumière plusieurs défis, notamment le manque de ressources financières pour permettre la participation des ONG tchadiennes aux sessions du Comité à Genève. Ces contraintes réduisent la visibilité des acteurs locaux sur la scène internationale. Les participants ont donc appelé à un renforcement des partenariats et de la solidarité internationale, afin de garantir une participation plus inclusive de la société civile tchadienne.
L’un des points marquants de l’atelier fut la participation active de la CNDH, qui a pris part à la rédaction d’un rapport parallèle pour la première fois. Cette avancée répond directement à une recommandation du Comité d’accréditation du GANHRI, actuellement chargé d’évaluer le statut de la CNDH selon les Principes de Paris.





