Vivre l’enfer[mement]

Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire

 

« À la lecture de ce rapport, j’invite les Etats membres et la société civile à réfléchir ensemble aux raisons pour lesquelles des femmes et des mineurs (des deux sexes) sont emprisonnés en Afrique. Les chiffres ne doivent pas rendre invisibles les problèmes vécus par ce groupe de personnes détenues, mais plutôt créer un motif de préoccupation ; c’est ce qu’apporte cette enquête. » Commissaire Maria Teresa Manuela, Rapporteure spéciale sur les prisons, les conditions de détention et l'action policière en Afrique et Membre du Comité pour la prévention de la torture en Afrique (CPTA)

 

Cordoonnée par Bénédicte Fischer du CERDAP², Lionel Grassy et Paul Koffi Kouadio, le rapport « Vivre l'enfer[mement]: Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d'Ivoire »  croise différents témoignages issues du milieu carcéral. La rédaction de ce rapport s’inscrit dans la phase finale de la mise en œuvre du projet « Assister les Prévenu.es et favoriser la réinsertion Sociale des femmes et mineur·es des prisons de Côte d’Ivoire (APRES CI) », mené depuis 2014 et soutenu par la délégation européenne en Côte d'Ivoire. Il concernait initialement trois prisons de Côte d'Ivoire, avant d’être étendu à six, puis finalement dix. Cependant, malgré les grandes avancées en résultant, la question de la détention préventive, bien qu’encadrée dans des délais dorénavant bien définis, reste préoccupante, avec parfois un taux de détention préventive dépassant 33% dans certaines prisons.

Alors que la représentation graphique des données élaborée par la Direction de la Planification et des Statistiques du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme ne porte que sur le total des personnes détenues, son éclatement par catégorie montre à la fois combien les taux de placement en détention préventive sont élevés pour les femmes majeures, les mineures ainsi que les mineurs, et comment ces catégories de personnes détenues, parce qu’elles sont minoritaires en détention, sont invisibilisées par la production de données globales. Par ailleurs, l’absence d’une politique réelle de réinsertion des personnes détenues en raison du faible budget alloué à cette mission met à mal l’intégration socioprofessionnelle des condamné·es en fin de peine.

Les conditions de détention sont difficiles. Beaucoup de violence au sein de la prison et les conditions d’hygiène sont mauvaises. »
Femme adulte incarcérée

Ce sont autant de facteurs qui ont poussé la FIACAT et l’ACAT Côte d’Ivoire à poursuivre leur action de lutte contre la détention préventive injustifiée en mettant un accent particulier sur les conditions de détention et la réinsertion des femmes et des mineur·es de six prisons de Côte d’Ivoire. Ce rapport est le fruit de cette attention particulière.

« On mange, on dort mais je ne me sens pas forcément bien ici. C’est pas trop ça, les choses ne sont pas bien, on est coincés et il fait chaud. »
Mineur incarcéré

Il fait écho à l'étude « Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire », co-écrite par le CERDAP², la FIACAT et l'ACAT-CI et publiée en 2020 dans le cadre de la mise en œuvre du projet de lutte contre la détention préventive injustifiée présenté ci-dessus. En 2022, l'ACAT-CI et la FIACAT ont également contribué à l'ouvrage L'État ivoirien à l'épreuve de la détention préventive qui croise différentes voix - des universitaires comme des défenseurs des droits humains de l'ACAT-CI ou la FIACAT - afin de mettre en lumière les enjeux des réformes pénales et des droits des personnes détenues en Côté d'Ivoire et plus généralement en Afrique subsaharienne.

La FIACAT, l’ACAT-CI et le CERDAP² tiennent particulièrement à remercier la Direction de l’Administration Pénitentiaire, au personnel pénitentiaire, au personnel judiciaire, ainsi qu’à Monsieur Simon TAHA, coordonnateur pays de PRSF en Côte d’Ivoire. Aux militantes et militants de l’ACAT CI, aux coordinateurs du projet APRES CI Michel KOUADIO et Francis KONE, à Lauren THIEBAUT, directrice  administrative et financière de la FIACAT, à LaBAP, à Bigué DIENG, gestionnaire administrative et financière du CERDAP², Jérémie GLOSSI pour ses conseils, ainsi qu’à Carolina PORTO NUNES pour son aide dans la traduction, la FIACAT, l’ACAT-CI et le CERDAP² expriment également leur reconnaissance.

Liste des contributeurs et contributrices : Sandrine Apie ANOMA, Wenceslas ASSOHOU, Elsa BONNARD, Marie GARCIA, Amélie IMBERT, Valentine JULLIEN, Diana LAZAREVA, Shirin LOUY, Sagar, MBENGUE, Ferima, SOUH, Sophie TARTAR

 

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